Archivi tag: nationalisme

Corse. Discours de Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse

 

Jean-Guy Talamoni e Gilles Simeoni
Jean-Guy Talamoni e Gilles Simeoni


INSTALLATION DE L’ASSEMBLÉE DE CORSE, LE 17.XII.2015

Aujourd’hui, plus que jamais, il nous faudra faire de cette Assemblée un lieu de démocratie où chacun pourra dire ce qu’il estimera être le plus favorable au bien commun. Et notre devoir sera de permettre à chacun d’être écouté, en cherchant, chaque fois que ce sera possible, à faire parler la Corse d’une seule voix. Le respect de l’autre, la volonté de convaincre et de servir les intérêts supérieurs de la Corse guideront nos pas à tous, j’en suis convaincu. En ce qui me concerne, je serai naturellement le président de tous les élus de cette Assemblée.Mais auparavant, il me faut dire quelques mots au nom des miens, au nom de cette partie du mouvement national qui n’a jamais accepté de reconnaître le principe de la tutelle française sur la Corse. Au nom de tous ceux qui, depuis 1768, n’ont cessé de combattre pour que la Corse demeure une nation. Au nom de ceux qui n’ont jamais renoncé à l’idée d’indépendance.

Et aujourd’hui, nous sommes arrivés ici, et nous sommes arrivés victorieux, avec nos frères de Femu a Corsica que je veux saluer.
Mais nous sommes arrivés ici également avec ce que nous sommes et ce que nous portons.
Nous sommes arrivés ici avec tous ceux qui, comme nous, ont toujours combattu les autorités françaises sur la terre de Corse.
Nous sommes arrivés ici avec les fusiliers de Paoli, tombés à u Borgu et à Pontenovu, nous sommes arrivés ici avec les militants du Front morts pour la Corse.
Nous sommes arrivés ici avec Marcu Maria Albertini et Ghjuvan Battista Acquaviva.
Nous sommes arrivés ici avec la foule immense et muette de tous ceux qui ont donné leur vie pour que vive le peuple corse.
Nous sommes arrivés ici avec nos prisonniers.
Nous sommes arrivés ici avec nos recherchés.
Nous sommes arrivés ici avec le souvenir de nos souffrances, de nos erreurs aussi, mais avec notre foi, avec notre sincérité.
Nous sommes arrivés ici avec les larmes des mères désespérées, des épouses affligées.
Mais nous sommes arrivés ici avec le rire de nos enfants, avec  l’espoir immense qui nous transporte, avec l’amour de notre terre et de notre peuple.
Nous sommes arrivés ici avec tous les nôtres, et nous sommes venus pour tendre la main.
Pour tendre la main à tous les Corses, mais aussi à ceux qui sont arrivés chez nous il y a peu, et qui sont venus en amis pour partager notre destin.
Nous sommes arrivés pour tendre la main à ceux qui, dimanche, n’ont pas choisi de nous envoyer ici.
Pour tendre la main à ceux qui, à l’Assemblée de Corse, ont toujours rejeté nos idées.
Pour tendre la main aux élus corses qui ne voulaient pas entendre parler de notre nationalisme.
Pour tendre la main aux Corses qui depuis quarante ans se sont opposés à notre mouvement.
Pour tendre la main, même, aux enfants de ceux qui, il y a trente ans, nous ont combattus avec les armes payées par la France.
Pour tendre la main, à tous ceux qui, dimanche, ont appris notre victoire avec tristesse et inquiétude.
Nous leur disons : vous n’avez rien à craindre.
Abandonnez donc cette peur, vous qui entrez, avec nous, sur la voie de l’avenir.
L’heure est venue de la réconciliation de notre communauté avec elle-même.
La Corse appartient à tous les Corses, et le gouvernement national, le premier depuis le XVIIIe siècle, sera celui de tous.
Pour travailler avec nous, nous ne demanderons jamais à personne de renier ni son parcours, ni ses idées, ni sa fidélité, comme nous n’avons jamais accepté de renier notre histoire, nos opinions et nos solidarités.
Demain, tous ensemble, nous travaillerons au bien commun.
Demain, tous ensemble, nous mettrons en œuvre une nouvelle politique, pour la langue, pour la terre, pour un développement au service des Corses, pour la justice sociale.
Demain, nous rencontrerons les représentants de la société corse, employés du public et du privé, artisans, commerçants, agriculteurs, travailleurs culturels, enseignants, étudiants, chômeurs et retraités, socioprofessionnels, associations et syndicats…
Nous les rencontrerons pour élaborer un véritable projet de société, largement partagé par les Corses.
Demain, nous irons ensemble à Paris et à Bruxelles, avec la force que nous ont donné les Corses dimanche, et nous négocierons les moyens de droit nécessaires pour faire que le peuple corse vive bien et qu’il soit maître sur sa terre.
Demain, nous obtiendrons l’amnistie des prisonniers et des recherchés.
Demain, les portes des prisons s’ouvriront car les Corses le veulent et que personne ne pourra s’opposer à cette volonté populaire.
Dimanche, en votant pour les nationalistes, le peuple corse a dit que la Corse n’était pas un morceau d’un autre pays mais une nation, avec sa langue, sa culture, sa tradition politique, sa manière d’être au monde.
Le peuple corse a voulu qu’un nationaliste soit président du Conseil exécutif de la Corse.
Il a voulu également qu’un indépendantiste soit président de cette Assemblée, sanctuaire de la démocratie corse.
Nous essayerons, avec humilité, de nous montrer dignes de cette confiance.
Je terminerai avec deux mots que l’on trouve souvent dans les vieux écrits de nos ancêtres. Aujourd’hui, ces paroles sont plus précieuses que jamais : « Vivez heureux ! »
Evviva a Nazione,
Evviva a Corsica

Continua la lettura di Corse. Discours de Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse